Page:Leo - Legendes correziennes.djvu/34

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

même bien vite alors Toiny détournait les yeux. Une fois pourtant, ils se prirent à se regarder sans honte ; leurs mains se joignirent, et ils s’embrassèrent avec tant de fièvre et tant de ravissement, qu’ils sentirent qu’ils étaient venus au monde à cause l’un de l’autre. « Et depuis ce jour, m’a dit Nanon, j’ai toujours été sûre que nous serions mariés, quand même tous les gens de chez nous se seraient mis à l’encontre. »

On voit cependant assez de ces amours-là qui ne réussissent point, gâtés qu’ils sont par les volontés des parents, ou la légèreté des jeunes gens, ou la conscription. Eh bien ! moi, ça me fait peine, comme de voir dénicher les petits oiseaux, ou de voir noircies par la gelée les blanches fleurs des cerisiers. L’amour au cœur des jeunes gens, c’est une jolie plante en bonne terre ; il faut la laisser croître où elle est ; pour la transplanter, nenni, ça ne reprend point. C’est tout comme les hirondelles, qu’on ne peut faire vivre en cage, et qu’on appelle à cause de ça l’oiseau