Page:Leo - Legendes correziennes.djvu/37

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que le mal est fait dès qu’il aurait pu se faire. Il y a pourtant chez les honnêtes gens l’œil de la conscience, qui veille quand les veux des hommes ne peuvent pas voir ; mais bien peu de gens, et pour cause, croient au pouvoir de cet œil-là.

La Nanon savait qu’elle aurait tué son grand-père si elle avait été trop faible pour Toiny, et elle était aussi trop raisonnable pour risquer de rendre père un garçon de seize à dix-huit ans, qui dépendait de sa famille et n’avait ni état ni bien. Toiny, d’ailleurs, l’aimant véritablement, avait grand respect pour elle. Le plus grand danger donc était d’être découvert. Malgré ça, il n’y a guère trop moyen d’aimer un homme et de lui tout refuser. Aussi, lorsque Nanon se défendait de revenir, à deux ou trois jours de là, dans la cabane, et qu’alors Toiny, ou devenait pâle et baissait la tête, ou, tout enragé, disait qu’on ne l’aimait point et qu’il ne pouvait plus vivre comme ça, la pauvre fille sentait son cœur fondre, et, se bornant à re-