Page:Leo - Legendes correziennes.djvu/51

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lever le corps. J’en connais qui se jettent sur le cercueil à ce moment-là et font grand tapage ; mais la Nanon se leva seulement pour aller dans sa chambre prendre sa mante noire et ses longues coiffes, afin de se rendre au cimetière. Je la suivis, de peur qu’elle se trouvât mal, et je fus bien étonnée de voir un pénitent se glisser dans la chambre en même temps que moi.

Il rejeta sa cagoule, et je vis que c’était Toiny.

— Ma Nanon, dit-il, il m’a fallu te venir voir et te parler dans la grande peine où tu es, et pour être sûr que tu ne m en veux pas à cause de ma mère.

— Qu’est-ce que ça me fait qu elle soit ta mère ? lui répondit la Nanon. N’es-tu pas mien avant tout ? Je sais bien, va, que tu es plus à moi qu’à elle, et je ne t’en veux de rien. Si j’ai du chagrin à cause de mon grand-père, J’en ai beaucoup plus à cause de toi. Lui, c’est maintenant un bienheureux ; toi, je sais que tu pleures et que tu souffres,