Page:Leo - Legendes correziennes.djvu/52

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La voix lui manqua, et voilà que les larmes se mirent à couler enfin le long de ses joues, comme un ruisseau dans les neiges. Toiny la fit asseoir sur une chaise et appuya la tête de Nanon contre la sienne, lui serrant les mains. Et le pauvre gars pleurait aussi.

— Vous n’en direz rien, n’est-ce pas, la Chambelaude ? Vous aimez bien aussi votre mari. Ça n’est pourtant pas un crime de s’aimer.

— Non, mon garçon, que je lui dis (et pour vous avouer le vrai, je pleurais aussi) ; cependant, vois-tu, nous sommes tous gênés dans le monde, à cause du monde, je ne sais pourquoi, et ce qu’il y a de certain, c’est qu’on dirait des bêtises si l’on vous voyait ainsi. Remets donc ta cagoule, Toiny, et va-t’en bien vite ; et toi, Nanon, prends ta mante et va joindre le cercueil. Tu peux pleurer aujourd’hui tout à l’aise, sans qu’on se demande pourquoi. Après ça, mes enfants, vous vous verrez chez nous, si vous voulez, et mon homme, qui est bon, n’y trouvera rien à dire.