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Page:Leo - Legendes correziennes.djvu/89

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son bonheur, elle avait grand besoin d’abriter sa peine.

Ce n’est pas qu’il lui vint, à cette première fois, le moindre soupçon d’un changement de Baptiste. Elle n’y pensa pas. Ceux qui aiment bien croient de même fortement. Elle ne pleurait pour le moment que la lettre, qui était son bonheur d’un mois tout entier. Puis, revenant toujours à se demander comment et pourquoi Baptiste ne lui avait pas écrit, elle imaginait mille choses ; mais n’en trouvait aucune suffisante pour expliquer un aussi grand manquement. Aussi finit-elle par se dire qu’elle aurait sûrement une lettre le lendemain, et sur cette idée, essuyant ses larmes, elle rentra chez ses parents.

Mais la lettre n’arriva pas, quoique de jour en jour plus attendue et plus désirée : la pauvre fille en était consumée d’attente et d’ennui. On la voyait toute pâlissante et songeuse, pareille à l’arbre coupé, dont les feuilles sèchent et se replient. Elle voulut