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Page:Leo - Legendes correziennes.djvu/90

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écrire à Baptiste ; mais la lettre des Bénot était partie, du moins la mère le lui dit, en la recevant d’un air si bourru, que Mélie n’osa pas même demander l’adresse. Elle ne s’en était pas mise en peine, n’imaginant point en avoir besoin. Au bout de quelques jours, quand, bien décidée à écrire toute seule, elle retourna la demander, la Bénotte s’écria que c’était une chose ridicule de jeter l’argent comme ça par les fenêtres ; que quatre sous valaient bien d’être épargnés, et que la mauvaise ménagère qui n’avait souci des liards, faisait arriver bien vite la fin des écus. Elle ajouta quelques mots de raillerie sur ce qu’il y avait des filles plus impatientes que les galants, et finit par tourner le dos à Mélie.

Mélie s’en revenait, bien honteuse et bien tourmentée, quand, passant devant la boutique du tailleur, elle le vit qui sortait, un paquet sous le bras, et qui se mit à marcher devant elle, sans même l’avoir regardée. Ainsi s’en allèrent-ils, à la suite l’un de l’autre, jusqu’aux dernières maisons de la ville ;