Aller au contenu

Page:Leo - Legendes correziennes.djvu/91

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et là, dans le chemin creux, en avant du pont, le tailleur s’étant arrêté pour retrousser le bas de son pantalon, car les pluies d’automne commençaient, et il faisait de la boue, Mélie passa devant lui, et de son air triste lui dit bonjour, comme on ne peut manquer de faire quand on se rencontre. Ce fut alors seulement qu’il fit mine de l’apercevoir, et que, l’ayant rattrapée, il lui demanda si elle n’était point malade, car elle était blanche comme une reine des prés. La fillette rougit et ne sut que dire, sinon balbutier qu’elle se portait bien.

— Eh ! ma pauvre ! dit alors le vieux coquin, feignant une grande compassion, il ne sert à rien de nier ; on voit assez où le bât vous blesse. En vérité, c’est un grand malheur pour une fille honnête et sage que de s’attacher à un gars qui court le monde ; car il se passe tant de choses au dehors d’ici, que ni vous ni moi ne pouvons savoir ! La jeunesse est légère, et facilement détournée du bon chemin. C’est un terrible état que le mili-