Page:Leo - Les Deux Filles de monsieur Plichon.djvu/115

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et je fus étonné de le trouver pour la première fois approbateur et sympathique.

— Vous avez raison, mon cher, dit M. Plichon, il faut rire de ces fariboles, et boire au Dieu des bonnes gens.

— À votre santé, répondis-je ; mais ne rions jamais de ce qui fut sincère et grand.

— À la bonne heure ! s’écria Clotilde, vous êtes mille fois plus sensé que mon beau-frère ; certes, le christianisme doit être respecté, même par ceux qui n’y croient pas. Ne viendrez-vous pas avec nous, William ?

— Non, Mademoiselle ; je lui rendrais volontiers les derniers devoirs comme à tout mort honorable ; mais je ne commettrai pas la faute, trop ordinaire en ce temps-ci, de traiter ce mort en vivant, au mépris des lois de l’hygiène publique.

Édith a souri, mon cher. Je fus ébloui de ce triomphe au point de ne rien entendre des protestations de Clotilde, à qui je demandai, pour répondre quelque chose :

— Est-ce donc à Vivonne que vous allez ?

— Ah ! vous détournez la conversation. Enfin, je le veux bien, car nous ne pouvons nous entendre sur ce point-là. Ceux qui ont besoin de consolation, William (elle soupira), comprennent mieux les bienfaits de la religion… Nous allons seulement à Sanxenay, le village voisin.

— Vous voulez donc éblouir ces pauvres paysans ?

— Mais, il faut bien faire quelquefois un bout de toilette. Et puis cela augmente la solennité ; même pour le peuple……