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Page:Leo - Les Deux Filles de monsieur Plichon.djvu/116

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— Vous voulez lui inspirer de la dévotion ? dis-je en riant.

— William, vous êtes un mauvais plaisant.

— Mais, certainement, dit Blanche, les fleurs, l’encens, la musique, les belles draperies, tout cela inspire beaucoup…

— De renoncement à la terre ?

— M. Plichon se mit à rire en m’applaudissant et s’anima jusqu’à déclarer que, depuis Voltaire, la raison étant émancipée, il n’y avait plus, en fait de dévots, que des imbéciles ou des coquins…

— Léandre ! s’écria Clotilde avec dignité.

— Je ne parle pas des femmes, objecta M. Plichon.

— Il faut de la religion au peuple et aux femmes, déclara Anténor solennellement, en se servant la moitié d’un perdreau.

— Peut-être est-ce vous qui en auriez le plus besoin ? dit maman Plichon ; mais, sans répondre à cette objection si sage, le père et le fils s’élevèrent à l’unisson contre l’odieuse jonglerie des prêtres, l’aveugle crédulité, l’infâme superstition, et balayèrent si bien toutes les religions, que ce fut à ne pas comprendre qu’il en pût rester jamais le moindre lambeau.

— Je ne sais plus si nous allons à la messe, dit Mme Plichon en riant, surtout si tu peux consentir encore à nous y conduire.

Cependant, elle sonna et dit d’atteler.

— Puisque Jean n’y est pas, répondit M. Plichon en haussant les épaules.

Je voyais la tante Clotilde mécontente, et Blanche qui