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TRENTIÈME LETTRE.

WILLIAM À GILBERT.

2 septembre.

L’épreuve est faite. La leçon a été d’abord un peu froide, hésitante plutôt, mais sur la fin tout à fait bonne. Édith y a pris part avec la simplicité la plus grande et l’intérêt naturel d’une personne qui veut s’instruire. Elle saisit les données générales avec une telle rapidité, que je lui ai dit :

Mais vous aviez déjà quelques notions ?

— Non, a-t-elle répondu. Ne savez-vous pas ce qu’est l’instruction des pensionnats ? à Poitiers surtout, peut-être.

— Ah ! vous avez été en pension ?

— Un an seulement.

— Un an seulement, et pourquoi ?

— J’avais beaucoup lu avant d’y aller, et je savais un peu plus que ce qu’on y enseignait.

Elle a dit cela avec une simplicité qui excluait tout amour-propre. Elle n’a certainement pas une mauvaise nature. Sa rudesse n’est peut-être qu’un travers d’esprit. Je suis tout porté à m’intéresser à elle en frère.

Le cousin est arrivé. C’est un personnage brun et maigre, assez grand, un peu voûté, de figure fine plutôt qu’intelligente et qui doit avoir près de quarante ans. Il se met bien et prétend aux belles manières. Son arrivée met tout le monde, excepté moi, sur un pied de cérémonie.