Page:Leo - Les Deux Filles de monsieur Plichon.djvu/140

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M. Plichon l’interroge avec déférence et lui donne la réplique humblement. Ces dames sont remplies de prévenances. Quant à M. Forgeot, il paraît trouver cela fort simple, et toute la soirée d’hier, négligemment assis dans un fauteuil, il ne nous a entretenus que de lui-même, de ses relations, des actes politiques auxquels il a mis la main, de son désintéressement, de son habileté. On l’ignorait jusqu’ici ; mais il paraît que ce monsieur a mené à peu prés toute la politique des dernières années. Les seules fautes qu’on ait faites, on les a faites malgré lui, au mépris insensé de ses conseils. Le roi l’a voulu voir ; il a failli être appelé au ministère ; mais les envieux et les jaloux qui s’acharnent contre toute supériorité ont entravé sa fortune. Ils ne l’entraveront pas toujours ; les hommes nécessaires sont appelés un jour ou l’autre, etc.

Tu ne saurais croire avec quelle candeur ces choses sont écoutées et de quel air émerveillé le père Plichon s’associe aux rêves et aux espérances de son cousin. Évidemment, on n’avait pas cru jusque là posséder un si grand homme dans la famille, mais ils n’en sont que plus heureux par l’effet de la surprise. Clotilde s’exclamait à chaque assertion du cousin Marc, et elle s’est étonnée de la perversité du monde avec une ardeur aussi vive que si c’eût été une découverte qu’elle vînt de faire.

— Hein ! Croirait-on que les choses se passent comme ça ? s’écria M. Plichon en sortant d’un long silence, qui, je crois, commençait à l’étouffer un peu. Voilà les coulisses du monde. Que dites-vous de cela, William ?

Je me permis de répondre qu’à Paris, on trouve autant de manières d’expliquer l’histoire qu’il y a de coteries