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Page:Leo - Les Deux Filles de monsieur Plichon.djvu/153

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— Mais enfin… j’ai de la fortune, un domaine, quelques rentes, une centaine de mille francs en tout, et Blanche est ma préférée.

Je haussai les épaules.

— En quoi cela change-t-il la vérité des choses pour ce qui vous concerne ?

— En rien assurément, si ce n’est que la générosité de vos sentiments

— Chère tante, dis-je en l’interrompant, on ne complimente pas un homme de ce qu’il est lui-même, ou de ce qu’il ne ressemble pas à ceux qu’il méprise. Laissons cela.

Je me levai alors et nous rentrâmes dans l’allée du milieu du bois, où le domestique Jean, nous apercevant, accourut à nous. On l’avait envoyé à la recherche de mademoiselle Clotilde, car la famille Martin était au logis. Cette grande nouvelle mit Clotilde en un autre émoi.

— Ne venez-vous pas aussi, William ?

— Non, je n’ai aucune raison de me présenter à eux.

— Mais ils resteront toute la journée, et dîneront avec nous. Il faudra bien qu’ils vous voient. Venez tout de suite ; ce sera mieux.

À ce moment nous vîmes un groupe de personnes qui s’avançaient à notre rencontre. C’étaient MM. et mesdames Martin accompagnés de Blanche et de sa mère. Au premier coup d’œil, je reconnus en eux des gens, sinon très-distingués, du moins qui tenaient à le paraître. Les toilettes étaient irréprochables, mais trop recherchées pour la campagne. Cette famille me parut avoir le travers des provinciaux de ne jamais être à l’aise hors