Page:Leo - Les Deux Filles de monsieur Plichon.djvu/208

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Quelque temps après, me trouvant seul avec maman, elle me confirma ce que je craignais, c’est que M. Plichon a vendu toutes ses rentes pour acheter des actions de ces mines. Elle a raison, c’est fort imprudent. Ce Forgeot, comme un vrai démon, est venu troubler la simplicité de leur vie et leur remplir la tête d’ambitions folles. Maman voit bien qu’il s’est complètement emparé de Clotilde. Elle m’a dit :

— Je ne serai pas fâchée de ce mariage ; le cousin Marc est un homme d’esprit, que je crois de facile humeur. Je désire, avant tout, que ma sœur soit heureuse, et elle est encore trop jeune pour que j’aie pu considérer son héritage comme acquis à mes enfants. Cependant, ne parlez pas de cela à mon mari, qui n’en voit rien encore et n’en prendra pas son parti si aisément. Il y a longtemps que j’ai entrevu les projets du cousin Marc, et c’est moi qui ai voulu que Clotilde lui confiât votre engagement avec Blanche, afin qu’il cessât de vous dénigrer par jalousie.

— Charmant procédé, observai-je, et qu’alléguait-il contre moi, ce digne monsieur, chère maman ?

— Oh ! de ces riens qui agissent beaucoup sur l’esprit de certaines personnes. Il y a manière, vous savez, de desservir quelqu’un sans en avoir l’air. Il a profité de votre insouciance, réellement trop chevaleresque, à l’égard des biens de ce monde, pour persuader à mon mari que vous ne pourriez arriver à rien et lui faire craindre de votre part ces coups de tête, qui sont l’effroi des gens positifs. Aussi, votre refus d’entrer dans notre complot vis-à-vis de monseigneur, me fait-il redouter une mésintelligence