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Page:Leo - Les Deux Filles de monsieur Plichon.djvu/209

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complète entre vous et mon mari, et vous devriez, William, à cause de cela, vaincre vos répugnances.

— Quoi, maman, vous aussi, vous me conseillez une lâcheté !

— Mais je ne trouve pas que c’en soit une. On ne vous demande que d’être aimable et spirituel comme vous savez l’être, et l’on sollicitera pour vous. Nous vous placerons à côté du grand vicaire, M. Camayon, qui peut tout sur l’esprit de monseigneur, et qui est un homme très-instruit et très-tolérant. Vous n’êtes pas obligé de lui dire vos opinions.

— Il les connaîtra par cela seul que je ne chercherai pas à les cacher. Toutes les questions se rattachent aux questions fondamentales, et deux hommes qui savent penser ne peuvent manquer d’entrevoir réciproquement, après une heure de conversation, quelles solutions morales et religieuses résultent des tendances de leur esprit. Enfin, dites-moi, accepter les bienfaits d’un homme ou d’un parti pour s’en servir contre ce parti, ou contre cet homme, est-ce loyal ?

— Non ; mais qu’avez-vous besoin ?…

— J’ai besoin d’agir, n’étant pas mort, et comme la nature ne m’a point fait indifférent, il se présentera certainement, à moi, des occasions de combattre le vieil esprit, ce que je ferai de toutes mes forces. Vous n’avez pas réfléchi, non plus, que cette puissance que vous voulez tromper jusqu’à l’employer pour moi, n’hésiterait pas un instant, quand elle s’apercevrait de son erreur, à briser l’homme qu’elle aurait élevé. Ce n’est donc pas, en bonne logique, une heure de complaisance qu’il faut