Page:Leo - Les Deux Filles de monsieur Plichon.djvu/210

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me demander, mais une véritable apostasie. Or, maman, est-ce vous ?…

— Non, assurément, dit-elle, et je vois, à présent, que vous avez raison. Mais comment arranger cela avec mon mari, se demanda-t-elle ensuite avec une perplexité si vive, que je mis à chercher moi-même.

C’était bien simple.

— Chère maman, lui dis-je, soyez tranquille, et laissez croire à M. Plichon que tout ira bien. Je serai aimable ; vous me mettrez à côté de M. Camayon, et je vous promets que l’évêque n’usera pas de son influence pour moi.

Blanche, qui craint aussi la colère de son père, détournera ses soupçons. Et voici donc cette grande querelle heureusement apaisée. Mais ma situation en elle-même, vis-à-vis de cette famille inquiète de l’établissement de sa fille, est fausse et désagréable. Puisqu’il le faut, j’en voudrais sortir le plus tôt possible. Fais ce que tu voudras pour le duc d’Hellérin ; puis, cette idée, dont je t’ai parlé, tu sais, un roman auquel je me suis pris dans ma solitude, à Paris, il faut que tu le présentes à ton éditeur. Je te l’envoie. Je l’ai acheté ici, toutes ces dernières nuits. Cette œuvre me tenait l’âme ; elle m’a agité avec assez de force pour en avoir dû garder quelque empreinte, je crois. Il y a là dedans plus d’aspirations que de solutions ; mais les aspirations du présent me semblent le germe des solutions de l’avenir, et il est nécessaire qu’elles se produisent. Tu obtiendras une réponse au plus tôt, n’est-ce pas ?

Envoie-moi aussi, je te prie, la dernière publication de Georges Sand, je veux faire ce plaisir à Blanche.