Page:Leo - Les Deux Filles de monsieur Plichon.djvu/214

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— Il m’a donné l’hospitalité un jour de pluie, et m’a parlé de son talent.

— Vous êtes disposé à vous en moquer peut-être : vous avez tort. Il a guéri sous mes yeux, du moins selon toute apparence, un enfant malade, et pour les maladies des bestiaux on vient le chercher de plusieurs lieues.

— Quoi, vous croyez, Édith, à la sorcellerie ?

— Je crois à des forces dans l’humanité qui sont encore inconnues, et à je ne sais quelles révélations d’une médecine naturelle, fournies peut-être par les inspirés, ou somnambules d’autrefois, et que la tradition a conservées depuis des milliers de siècles. Cet homme était le fils aîné d’un sorcier, ou toucheur, qui, fils aîné lui-même, avait également reçu de son père l’initiation. Le vieux, de même, a enseigné à son fils certains gestes et certaines prières, et l’a mené cueillir, à certaines heures, les herbes qui guérissent les maladies des hommes ou des animaux. Il ne faut pas lui demander de science ; il ne sait que sa leçon. Il est un des chaînons de la tradition, et voilà tout.

— Il est certain, dis-je, que l’élément mystique, si combattu, vit toujours dans l’humanité ; qu’il y a dans l’histoire des faits inexplicables, et qu’en plein dix-neuvième siècle, à côté du magnétisme étudié dans les villes, malgré les chemins de fer qui se multiplient, malgré l’instruction qui se répand, et malgré la loi, il y a toujours des sorciers dans nos campagnes. Mais… savez-vous qu’il est irritant de ne pas comprendre…

— Ce n’est pas une raison pour nier, mais pour étudier, me répondit-elle d’un ton grave. La science avan-