Page:Leo - Les Deux Filles de monsieur Plichon.djvu/251

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Cette question me poursuit sans cesse et m’assourdit sitôt que je suis seul.

Après que je l’aurai possédée comme femme, quand les parfums délicieux de la fleur nouvelle se seront pour jamais évaporés, quand le calme sera venu, après ?…

Après ? Rien. Rien que la lutte entre deux natures dissemblables et que la destinée aura jointes, mais non pas unies.

Si, dans mon désir ardent de l’unir à moi, nous nous sommes déjà heurtés, que serait-ce plus tard quand le ressentiment de l’espoir trompé, le regret de toute l’existence perdue envenimeraient cette lutte ?

Elle ne conçoit, quant à elle, et ne veut entre nous que ces joies d’amour qui existent naturellement entre tout jeune homme et toute jeune fille. On a vite épuisé cela. Rien de ce qui vit n’est immobile, et l’amour suit ces lois éternelles de la transformation par l’alimentation et le mouvement, sans lesquels il meurt. La lune de miel a toujours ses ivresses ; mais… après ?

7 décembre

— Voyons, William, vous ne voulez pas être fonctionnaire ; mais si je vous procurais une recette générale, vous accepteriez pourtant, je pense.

— Pardon, monsieur, un receveur général est un fonctionnaire.

— Oui ; mais il gagne 20,000 francs.

— À merveille ; mais comprenez bien : si je ne veux pas être fonctionnaire, ce n’est pas de peur d’être mal