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Page:Leo - Les Deux Filles de monsieur Plichon.djvu/252

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payé, mais parce que je veux rester indépendant et n’avoir pas à tripoter dans les scandales publics. 10,000, 20,000 ou 40,000, vous le voyez, n’est pas la question.

— C’est tout différent, au contraire. Vous ne refuseriez pas 50,000 apparemment ?

— Pourquoi pas ? Là n’est pas la question, je vous le répète. Je ne suis pas de l’avis de la reine de France, et vous pouvez m’en dire tant que vous voudrez.

M. Plichon s’est emporté contre ce puritanisme qui, selon lui, n’est qu’orgueil et qu’entêtement, et nous eussions échangé des paroles désagréables, si je ne lui avais fait observer que ce débat était pour le moment sans utilité, puisqu’il ne disposait pas encore de la haute influence que ses richesses devaient lui procurer plus tard. Il eut été par trop comique de nous brouiller pour cela.

On regrette extrêmement que je n’aie pas d’actions dans les mines de Fouilliza. Je ne sais, mais j’en suis bien aise, ne serait-ce que pour ne pas avoir à faire avec ce Forgeot. Et puis, quelle est la source de ces gains énormes qui enrichissent des oisifs ? Où prend-on cet argent que le travail n’a pas produit ? Dans la bourse d’autrui, cela est élémentaire, et j’ignore pourquoi tout le monde respecte un mystère si facile à percer.

Blanche, qui s’aperçoit de ma froideur, est avec moi tantôt boudeuse et tantôt coquette. Il y a peu d’heures, elle s’est approchée de moi qui lisais dans le salon, et, comme nous étions seuls, elle s’est appuyée sur mon épaule. Elle était enveloppée comme pour sortir ; en retournant la tête, j’ai vu tout près de moi son frais visage, qu’entourait un capuchon doublé de soie rose, et elle me