Aller au contenu

Page:Leo - Les Deux Filles de monsieur Plichon.djvu/254

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Pourquoi, m’écriai-je, ne pas dire qu’elle se marie avec une sous-préfecture ? Ce serait plus net et bien plus en rapport avec cette idée que le mariage pour les femmes n’est autre chose qu’un établissement social. S’il était d’usage de se marier avec son amant, on dirait simplement : elle se marie.

Maman et Clotilde se mirent à rire. Blanche fit la moue.

Eh bien, dit Clotilde, nous devrions, à notre visite de félicitations, leur annoncer aussi le mariage de Blanche. C’est à présent le secret de la comédie pour eux et pour tout le monde. Notre silence les choquera.

— Si tu veux, répondit madame Plichon. »

Mais le visage de Blanche exprima une contrariété si vive, qu’elle allait jusqu’à l’effroi.

— Non ! non ! dit-elle, c’est trop tôt, je ne veux pas.

— Mais puisqu’ils le savent.

— C’est égal, non, je vous assure, on nous ferait mille questions.

— Eh bien, on leur répondra, repartit gaiement Clotilde.

— Papa ne veut pas.

— Oh ! fit la tante d’un air qui tenait peu de compte de l’obstacle, nous le leur dirons en confidence.

— Oui, dit maman, c’est une preuve de confiance à leur donner. Madame Martin nous raconte beaucoup de ses affaires.

Blanche ne répliqua pas ; mais elle était rouge, brodait avec ardeur et se contenait à peine. Sa tante venant à sortir un moment après, elle la suivit.