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Page:Leo - Les Deux Filles de monsieur Plichon.djvu/272

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Ce qu’on doit faire, on le peut toujours, m’a-t-elle dit. Hélas ! je n’en suis pas sûr.

J’étais allé sous le châtaignier, espérant la rencontrer, pour échanger avec elle un dernier regard ; mais elle n’y était pas, ni le vieux non plus. Je m’en étonnai ; le jour était pur ; il faisait peu froid ; un clair soleil réchauffait les dernières pâquerettes. La petite Madeluche était là, gardant les bœufs ; je lui demandai ce que faisait son grand-père.

— Il est malade, me dit-elle ; il n’a pas pu se relever ce matin, et, m’a dit comme ça, si vous vous mettiez en peine de lui, que vous l’alliez voir.

Je me rendis à la ferme, avec un vague espoir d’y trouver Édith ; elle n’y était pas ; mais le vieux, en me voyant, parut tout content et il me tendit la main :

— Je pensais bien que vous viendriez, me dit-il, et je suis sûr aussi que la demoiselle viendra. Ah ! vous êtes tous deux braves et de bon cœur. Vous devriez vous mettre ensemble. Il y en a qui disent que c’est l’autre que vous voulez. Moi, je ne crois pas… Eh bien, Monsieur, voilà que mon heure est arrivée. Je ne sais pas bien où je vais aller ; mais je n’ai point peur du bon Dieu.

Il y avait sur son front de mourant une admirable sérénité ; dans ses yeux une flamme secrète qui me frappa, et je la contemplais, cherchant en moi-même quel pouvait être le sort futur de cette âme simple, bonne et croyante. Je songeais en même temps au moyen de nous rejoindre, Édith et moi, dans un autre monde, et, dans l’exaltation où me jetait le chagrin, sans doute je perdis la notion du temps. Je me rappelle seulement que les yeux du