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Feuilleton de la République française
du 9 septembre 1874



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MARIE LA LORRAINE


NOUVELLE

CHAPITRE Ier

LES CHAZELLES

Qui passait sur la route de Metz à Saint-Avold, trois ou quatre kilomètres après le village de Fouligny, ne pouvait s’empêcher de remarquer à gauche, près d’un bois de chênes, la jolie ferme du Bourny.

Elle n’était pas bien grande, dix-huit à vingt hectares au plus ; mais vous n’y auriez pas vu large comme la main de terrain en friche ; tout en plein rapport, tant la terre à froment que le coteau planté de jeunes vignes, des prés bien arrosés, un petit bois propre et bien taillé, des clôtures soignées et la maison blanche au dehors comme une jatte de lait, entourée de verdure comme un nid d’oiseau, d’où, pareillement, on n’entendait sortir, en l’approchant, que des chants de bonne humeur, des voix claires et vives, et les graves mugissements de bœufs bien nourris ; au lieu de ces jurements et de ces glapissements qui s’élèvent trop souvent des pauvres demeures humaines, quand mari, femme et enfants, maîtres et domestiques font ménage comme chiens et chats.

Je ne sais à qui j’ai entendu dire que les abeilles portent bonheur et qu’une belle rangée de ruches marque une mai-