Page:Leo - Marie - la Lorraine.djvu/110

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part des pauvres et petites gens, qui ne savaient où aller, ni comment vivre au loin, se résignaient forcément à subir les chances de l’invasion. Plus de trente départements furent ainsi en proie à la dévastation et aux horreurs de la guerre.

Il ne manqua pourtant pas en France de braves gens, qui eussent voulu faire leur devoir de citoyens, et qui, indignés, désespérés, demandaient des armes à grands cris. Mais ceux-là étaient considérés comme des factieux par les autorités impériales. Non-seulement on ne fournissait pas d’armes, mais il était défendu d’en acheter ; car, sous un empereur, un roi, un monarque, ou, ce qui revient au même, sous un gouvernement de monarchistes et d’aristocrates, les gens ne sont pas considérés comme s’appartenant à eux-mêmes : ils sont sujets et non citoyens ; ce ne sont point des personnes libres et majeures, ayant le droit naturel de s’entendre, de s’organiser, de se défendre ; mais des mineurs, des enfants et surtout des suspects, à qui l’on s’efforce d’ôter l’occasion de mal faire. Sons un gouvernement monarchique ou de monarchistes, les citoyens sont toujours soupçonnés, excepte les gendarmes et les fonctionnaires, de vouloir renverser le bon ordre, c’est-à-dire le gouvernement établi. Il y a dans cette crainte, après tout, un fond de conscience, car c’est reconnaitre assez nettement que l’intérêt du gouvernement monarchique et celui des citoyens n’est pas le même. Donc, sous le règne de S. M. Napoléon III, qui avait déclaré la guerre aux Prussiens sans que la France fût prête, il valait mieux laisser ravager la France que d’armer les citoyens français, de peur qu’après s’être débarrassés de l’ennemi, encore bien armés, ils ne vinssent à dire :

— Assez de bêtises comme ça ! Vous