Page:Leo - Marie - la Lorraine.djvu/111

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nous avez mis dans le plus grand danger où se puisse trouver un peuple, et nous avons pu voir, à la manière dont vous avez employé les 400 millions que nous vous donnons pour l’armée, comment vous gaspillez et volez notre argent. Heureusement, nous avons pu nous sauver nous-mêmes ; à présent, nous n’avons plus besoin de vous, ou plutôt nous avons grand besoin de n’avoir plus affaire à vous.

Non, il ne fallait pas s’exposer à une pareille chance ; on aimait mieux aller jusqu’au bout, laisser ravager la France et continuer de se faire battre jusqu’à ce qu’il n’y eût plus d’armée ; après quoi Sa Majesté Napoléon III ferait la paix avec son bon frère Guillaume. Cette paix, après une guerre si cruelle, serait désastreuse ; mais dévastations, massacres, indemnités, démembrement de provinces, quoi qu’il arrive, pourvu que le bon ordre, c’est-à-dire Sa Majesté, pût continuer de régner, cela ne faisait rien.

Pour le moment donc, le bon ordre, c’était l’invasion. C’était l’armée prussienne écrasant et désolant d’honnêtes et heureuses familles, rançonnant les villes et villages, tuant et pillant. Partout, les préfets et les maires empêchaient la réunion des gardes nationales, traitaient de rouges, d’ennemis de l’ordre et de partageux ceux qui voulaient défendre leur patrie et s’opposaient à la formation des bandes de francs-tireurs.

Ah ! pour le coup, ils se trouvèrent, ces partageux dont on parlait tant, depuis si longtemps, sans les voir jamais ! Les Prussiens firent mieux que de partager : ils prirent tout. Et ceux qui avaient nommé l’empereur pour qu’il n’y eut pas de pillage, durent être contents !

Mais, pour ces vrais pillards et partageux qu’étaient les Prussiens, les préfets de l’empire, si méchants contre les autres — ceux qu’on n’a jamais vus —