Page:Leo - Marie - la Lorraine.djvu/113

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nouvelle bataille est perdue et devait l’être ; mais une armée de 80, 000 hommes se rend-elle ? Non, assurément ; elle bat en retraite, fait une trouée ou se reforme plus loin : c’est ce que proposent quelques généraux ; c’est ce que demandent les soldats, enragés de ces perpétuelles défaites, que leur courage ne peut empêcher. Mais l’empereur est là, toujours avec ses interminables bagages, qui ont retardé ia marche de l’armée, et un empereur ne peut pas se risquer à faire une trouée, attendu que les balles ne respectent pas, en de pareilles bagarres, les empereurs plus que les soldats. L’empereur aime mieux se rendre ; il fait hisser le drapeau blanc, signe de la capitulation, drapeau qu’abattent deux fois les soldats indignés. Mais l’empereur persiste, et alors tous ces hommes, habitués à obéir, obéissent, bien qu’ils sentent la honte d’obéir. Tons, excepté 2,000, qui, sous la conduite du général de Wimpffen, enfoncent les Bavarois, s’emparent d’un village et s’y maintiennent jusqu’au soir. Mais ce petit nombre de braves ne peut rien contre l’entêtement de la peur impériale. Napoléon III ne sait pas combattre ; mais il sait écrire, et comme il avait écrit aux paysans : L’empire, c’est la paix c’est la prospérité de la France ! il écrit au roi de Prusse : N’ayant pu mourir à la tête de mes troupes, je dépose mon épée aux pieds de Votre Majesté.

Les pauvres soldats n’ont pas de papier ni de plume, eux ; ils ont seulement du cœur et l’amour de la patrie. Aussi, désolés, furieux, se voyant lâchement vendus, sachant qu’ils auront la honte de rendre leurs armes, et qu’ils vont être prisonniers, essaient-ils au moins d’enlever à l’ennemi ce qu’ils peuvent. Ils dévissent leurs fusils, les jettent dans la Meuse, enclouent leurs canons, déchirent ou brûlent leurs drapeaux. Un grand nombre se lance, à travers les