Page:Leo - Marie - la Lorraine.djvu/112

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étaient doux comme des moutons. De la part de toutes les grandes autorités de l’empire, c’était un empressement de lâcheté qui empêchait la population d’agir et même de le vouloir, vu l’habitude qu’on a dans les monarchies d’attendre toujours des ordres, au lieu d’agir par soi-même. Il y eut pourtant plus d’un malheureux paysan qui, armé seulement d’un fusil de chasse ou, moins encore, d’une fourche ou d’une faulx, se fit tuer comme Chazelles pour défendre sa femme, sa fille ou son bien. Mais c’étaient des factieux, qui ne savaient pas que, lorsqu’on a un monarque, on doit lui laisser le soin de ses intérêts jusqu’au bout et quoi qu’il arrive.

Il va sans dire que cet état de choses augmentait l’audace et l’insolence de l’ennemi. Il exigeait dans chaque ville des contributions énormes sous la menace du pillage ; les autorités s’empressaient de les fournir, et c’était ainsi la France elle-même qui payait et entretenait cette armée prussienne, destinée à la ruiner et à la déchirer.

Des groupes de trois et quatre uhlans couraient la campagne au-devant de l’armée, entrant dans les villes, dans les bourgs, exigeant tout, et si quelque Français indigné déchargeait son fusil sur ces ennemis, c’était aux autorités françaises que les Prussiens s’adressaient pour découvrir et châtier le coupable ; et plus d’un fonctionnaire bonapartiste accepta ce rôle et livra les patriotes coupables d’avoir détendu leur pays.

C’était assez de honte ; mais ce ne fut pas tout. L’armée au milieu de laquelle se trouvait l’empereur, continua les fautes commencées. Toujours poussée et comme conduite par l’ennemi, elle va tomber dans le piége qui lui est tendu, c’est-à-dire dans l’entonnoir de Sedan. Là une