Page:Leo - Marie - la Lorraine.djvu/117

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résister à la violence ; aussi fit-elle bravement comme eux le coup de feu dans toutes les rencontres, forte, alerte, infatigable dans la marche et le combat, et ensuite bonne comme une sœur auprès des blessés et des malades. Petit Pierre l’aidait en ceci, et l’enfant et la jeune fille furent la joie et la consolation de ces pauvres gens sans foyer qui, pendant six mois, tinrent la campagne au prix de fatigues extrêmes, traqués par les Prussiens auxquels, à force de ruse, de courage, d’activité, ils causèrent de grands dommages, heureux en dépit de tout de remplir leur devoir de patriotes.

Plus d’une fois, la mort diminua leurs rangs et, vers la fin de la campagne, une douleur nouvelle frappa Marie. Son frère François, doublement son frère alors, et par la nature et par les dangers bravés ensemble, François, tombé aux mains des Prussiens, fut massacré par eux avec une atroce cruauté ; car cette guerre d’embuscades et de surprises que leur taisaient les francs tireurs, étant pour eux des plus meurtrières, ils cherchaient à l’empêcher par la terreur.

À la nouvelle de la paix, la petite troupe réussit à rejoindre l’armée de Garibaldi ; car, mème alors, s’ils fassent tombés entre les mains des Prussiens, restés maîtres d’une si grande partie de la France, et qui devaient, hélas ! y rester encore longtemps, ils auraient été fusillés, sous prétexte que leur armement n’était pas régulier : comme si le droit naturel de défendre ses foyers n’était pas supérieur à toute écriture.

Louis et Marie se marièrent à Dijon, comme se marient des orphelins, c’est-à-dire tristement ; et Marie pleurait, en songeant à la grande chambre du Bourny, qui avait vu la noce joyeuse de son frère Justin, en se rappelant le gai cortége, précédé d’un violon, qui suivait la route vers Fouligny, et surtout au souvenir des chères figures de son père