trainant chacun 1, 000 kilos, plus d’argent enfin que ni vous ni moi n’en pouvons seulement imaginer. Et qui paya tout cela ? Fut-ce l’empereur et ses ministres, qui avaient voulu la guerre ? Fut-ce les députés qui l’avaient votée ?
Ce fut le peuple, comme auparavant, comme toujours. On mit de nouveaux impôts sur les vins, sur le sucre, sur les allumettes, sur les étoffes, sur le tabac, sur les patentes, sur le papier, sur tous les besoins du pauvre monde. On ne voulut point de l’impôt sur les revenus.
Et puis encore, — pis que les 5 milliards, — il fallut laisser aux Prussiens l’Alsace et la Lorraine, près de deux millions de Français qui ne voulaient point être Prussiens, et qui ne pouvaient regarder qu’avec horreur ceux qui venaient d’ensanglanter et de piller leur pays. La France alors dit bien, comme avait dit maîtresse Chazelles : Qu’ils prennent tout, pourvu qu’ils ne touchent point à mes enfants ! Ce fut inutile ; la France était vaincue ; elle demandait la paix ; on lui fit les conditions les plus dures. Un cri de douleur et d’indignation s’éleva dans les provinces ainsi livrées : Nous ne voulons pas être Prussiens ! Nous sommes et nous resterons toujours Français ! Metz, la fière Française, pleura de douleur et de honte et jura vengeance contre le maréchal de l’empire qui l’avait trahie.
Tout fut inutile, et la paix se fit ainsi.
Ceux qui en ressentirent le moins de peine, ce ne furent pas Marie Chazelles et Louis Brésy. Qu’étaient-ils devenus pendant ces sept mois de guerre ?
Marie, après la mort de ses parents et la ruine de sa maison, était restée parmi les francs-tireurs, entre son frère et son fiancé. Plus qu’eux tous, elle avait le cœur saignant d’indignation et de douleur des atrocités commises envers sa famille ; autant qu’eux, elle avait l’amour de la France et le sentiment du droit qui fait