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Page:Leo - Marie - la Lorraine.djvu/21

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coup de soleil sur la figure et leurs regards étaient si doux et si brillants qu’il aurait fallu ne rien entendre aux choses de ce monde pour ne pas se dire tout de suite :

— En voilà, deux amoureux !

Il est vrai qu’on ne se gênait pas à côté d’eux d’en faire la remarque ; mais ils n’avaient le temps d’en rien voir ; on ne faisait d’ailleurs que sourire, en se les montrant du coin de l’œil, et de fait il eut fallu être de méchante humeur pour y trouver à redire. C’était bien le plus joli couple qu’on put voir. Louis Brésy était un grand gars de vingt-trois à vingt-cinq ans, de figure avenante et douce, avec des cheveux noirs, et l’air plein d’esprit. Ils n’avaient mal choisi ni l’un ni l’autre.

Malheureusement, le père Chazelles n’était pas de cet avis ; aussi fronça-t-il le sourcil bien fort, et, passant entre le rang des marchandes, il dit à sa fille d’un ton dur :

— Peut-être que tu as trop affaire, Marie ; je vais dire à ta mère de venir t’aider.

La pauvre petite devint rouge et fut tant saisie de voir là tout à coup son père, qu’elle croyait bien loin, qu’elle ne trouva mot à lui répondre. Louis Brésy salua Chazelles, mais celui-ci ne lui donna pas même un regard.

Quand, le soir, ils revinrent dans la carriole, Marie était songeuse et le père ne disait mot.

— N’es-tu point content de tes af-