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Page:Leo - Marie - la Lorraine.djvu/22

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faires ? demanda maîtresse Chazelles à son mari.

— Si, dit-il ; pour tout ce que j’ai fait, ça va bien.

Et il n’en dit pas davantage, lui qui, d’ordinaire, les soirs de foire et de marché, en s’en revenant, était volontiers jaseur.

— Qu’est-ce qu’ils ont tous deux ? se demandait la mère.

Elle ne fut pas longtemps à l’apprendre, le soir, dès qu’ils furent seuls, elle et son homme :

— Fais attention à ta fille, lui dit-il, parce que ça ira mal entre nous si ça continue. Et, pour commencer, je ne veux plus qu’elle aille au marché. C’est Annette qui ira la prochaine fois à sa place ; car je ne veux pas de Louis Brésy pour gendre. Qu’on retienne bien ça !

Maitresse Chazelles resta un moment sans répondre ; c’était une femme patiente et de réflexion ; puis elle dit :

— Tu sais, Mathurin, que les bons ménages ne sont point communs : pourtant, c’est une chose bien triste de passer toute sa vie ensemble, quand on n’est pas d’accord et qu’on ne s’aime point. Or, m’est avis que, si on ne réussit pas mieux, c’est que peut-être trop de gens y mettent la main ; car chacun seul, dans cette affaire, sent ce qui le touche et sait bien ce qu’il lui faut. Pour cette raison, je voudrais laisser nos enfants se marier à leur idée. Au moins, n’auraient-ils pas de reproches à nous faire, et nous pourrions toujours leur donner de bons conseils.