Page:Leo - Marie - la Lorraine.djvu/23

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— Je te croyais plus de bon sens, Nanette, dit-il d’un ton fâché. Oui, ça serait beau de laisser les enfants, eux qui n’ont pas d’expérience ni de réflexion, faire toutes les sottises qu’il leur plairait, et précisément dans le mariage, qui est une chose qu’on ne peut pas recommencer ! Les pères sont pour diriger les enfants, et je ne laisserai point ma fille se mal marier.

— Moi aussi, je tâcherais de l’en empêcher, reprit la mère, si je croyais qu’elle eut mal choisi. Mais Louis Brésy est un garçon auquel on n’a rien à reprocher, au contraire. Il est excellent pour sa mère, qui ne fait que s’en louer, bon signe pour qu’il rende sa femme heureuse. Il a même de l’esprit, et de son temps était toujours le premier de l’école. On le dit bon travailleur. Sans être riche, il a quelque bien. Que faut-il de plus ?

— Du bon sens ! dit Mathurin Chazelles de sa grosse voix ; c’est de ça qu’il manque.

— Parce qu’il fait de la politique à son idée ? Est-ce donc si mai ?

— Oui, parce que ça prouve qu’il n’est pas, avant tout, occupé de ses affaires. Un homme qui songe à son bien et à sa famille ne va pas fourrer le nez là-dedans, et surtout pour être rouge, au lieu de soutenir le bon ordre et l’empereur. N’en parle plus, tiens ! ça me fait bouillir le sang.

— Je ne sais rien, moi, reprit tristement la mère Chazelles, si ce n’est que s’aimer, c’est le principal. Oui, je le sais, et tu devrais le savoir aussi, mon hom-