Page:Leo - Marie - la Lorraine.djvu/33

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s’augmenta de la liberté qu’il lui voyait prendre avec Marie, du consentement de celle-ci. Tout rouge de colère, il s’avança vivement vers les deux amants, qui furent bien saisis quand il s’arrêta près d’eux. Il ne disait rien d’abord ; mais c’était bien assez de voir sa figure pour comprendre qu’il voulait se fâcher et ne cherchait qu’une raison. Alors il se mit à dire :

— Paraît, Louis Brésy, que ma manière de causer ne vous plait guère, puisque vous me faites l’affront de quitter la table où je trinque avec vous pour venir ici vous promener.

— Je ne pensais pas que ça vous pût mécontenter, maitre Chazelles, dit Louis un peu pâle, car il voyait bien où les choses allaient. J’ai grand plaisir à causer avec vous, comme aussi avec Mile Marie, et ce que j’ai fait, c’est ce que font, sans qu’on y trouve à redire, les jeunes gens qui viennent dans une maison pour le bon motif, comme vous savez. Excusez-moi, toutefois, si je vous ai tâché, ça n’était point mon intention.

Cette réponse, toute sage et polie qu’elle était, n’apaisa pas la colère du père Chazelles.

— Je sais que les belles paroles ne vous manquent point, Louis Brésy, dit-il, mais ça n’est pas tout. Il ne suffit pas d’être un beau parleur pour faire un bon mari, et puisque vous me parlez de vos idées sur ma fille, j’ai à vous répondre qu’elle est promise. Là-dessus donc, vous n’avez plus rien à faire ici.

Marie était devenue tremblante, et, de rouge d’abord, tonte pâle.

— Promise ! s’écria-t-elle ; non ! non ! je ne suis pas promise, mon père, car vous n’avez pas eu mon consentement…

Elle s’arrêta sous le regard terrible de Chazelles.

— Toi ! lui cria-t-il, ôte-toi de là et va rejoindre ta mère aux champs, s… !

Elle n’osa répliquer et partit lentement, si troublée, qu’elle ne rendit point le salut d’une personne, qu’elle croisa sur son chemin, et qui n’était