Page:Leo - Marie - la Lorraine.djvu/36

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voir ? Marie, dites, il me semble à moi que ça ne se peut pas.

Ils se tenaient les mains, elle baissait les yeux, et toute heureuse de le revoir, bien que ce ne fut pour un moment, elle semblait avoir perdu sa vivacité, ou peut-être voulait-elle se faire prier, aimant cela comme les autres femmes.

— Hélas ! comment faire, dit-elle languissamment, puisque mon père est si dur pour vous ?

— Que lui ai-je fait, reprit-il, je n’en sais rien, et à qui donc vous a-t-il promise, Marie ?

— À personne, je pense, dit-elle ; c’est une chose qu’il a dite comme ça pour vous renvoyer ; mais qu’il en soit ce qu’il voudra, on ne me mariera jamais par force, entendez-vous, Louis Brésy ?

— Oh ! merci ! dit-il en la serrant dans ses bras. Mais, pour me rendre tout à fait heureux, Marie, jurez-moi que vous serez ma femme.

Elle rougit en balbutiant :

— Est-ce que je puis ?… C’est trop difficile à moi…

— Ah ! Marie… vous ne m’aimez pas.

— Vous croyez ça.

— Mais, alors… jurez.

— Je jure que je vous aime, et que je n’aurai jamais un autre mari que Louis Brésy, dit Marie vivement. Et elle voulut se sauver ensuite. Mais il la retint un moment, si heureux de l’entendre dire ces douces choses et de la voir tout émue, toute rose d’amour devant lui, qu’il en était fou et oubliait toute sa peine.

Il ne la laissa point partir qu’elle n’eût promis d’aller tous les dimanches d’un certain côté, où ils se rencontreraient comme par hasard, ce à quoi Marie ne consentit pas sans peine. C’était de fait une grosse imprudence. Mais, depuis que le monde est monde, la prudence, comme on sait, n’est point la vertu des amoureux.

ANDRÉ LÉO

(À suivre.)