Page:Leo - Marie - la Lorraine.djvu/39

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— Je n’ai pas voulu vous offenser, monsieur, il y a des braves gens partout.

— Même parmi les vauriens, les partageux et les repris de justice. Allons donc, maître Chazelles, vous n’y pensez pas ! Si nous méritons ces noms-là, vous avez bien raison, vous et ceux qui pensent comme vous, de nous envoyer au diable, et plus loin si ça se peut. Les méritons-nous ? C’est là ce qu’il faut savoir.

Et d’abord quelle mauvaise action avez-vous à nous reprocher à Louis et à moi, qui sommes républicains, c’est-à-dire, suivant les préfets, les maires et les journaux de l’empire, des brigands, des partageux, etc. ?

— Bien sûr que de vous deux, monsieur Cordier, on ne peut dire que du bien ; mais il y en a d’autres… Tenez, quand je vois un Lâgnoux, un Grapin… des fainéants et bambocheurs finis, qui sont capables de tout, hormis de travailler, et qui s’en vont, disant dans les cabarets, nous sommes des républicains, des rouges…, voyez vous ça me suffit et j’en sais assez là-dessus.

— Eh non, maitre Chazelles, vous n’en savez pas assez. Car, je vous le demande, qu’est-ce que cela prouva ? Quand des sots ou des vauriens se disent républicains, sans même savoir ce que c’est, nous en sommes plus fâchés que vous ; ça ne fait point nos affaires ; mais le jugement public n’est pas juste à cet égard. Est-ce qu’il n’y en a pas partout des vauriens et des paresseux ? de votre côté comme du nôtre ? Et pourquoi regardez-vous à ceux-là plutôt qu’à nos honnêtes gens ? Croyez-vous que, sans trop chercher, je ne vous trouverais point aussi, parmi les amis de votre empereur, une jolie nichée de coquins, voire même des plus huppés ? Voyez-vous, maitre Chazelles, ce n’est pas aux gens qu’il faut regarder ; c’est aux idées. Si elles sont bonnes, elles peuvent être soutenues par n’importe qui, sans pour cela devenir mauvaises. Mais on ne veut seulement pas les entendre, et on les condamne sans les connaître.

— Que voulez-vous, monsieur, nous