Page:Leo - Marie - la Lorraine.djvu/41

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de soutenir ce que je vous disais tout à l’heure, que la politique est la grosse affaire de notre vie, puisqu’elle contient toutes les autres.

— Oh ! monsieur, bon pour les grandes choses du loin, qui ne nous occupent guère, mais pour nos affaires à nous…

— Pour les petites comme pour les grandes, père Chazelles ; les grandes vous font plus de bien ou de mal que vous ne pensez. Voyons des exemples.

Vous avez une terre ; cette terre est entourée par les champs de vos voisins. Qui est-ce qui fixe le bornage, l’arrosement, parfois même, en certains lieux, le moment de la récolte ? C’est la loi.

Vous avez des récoltes, partie pour consommer et partie pour vendre. Si votre commune a de mauvais chemins, la dépense en chevaux, charrettes et journées, pour les conduire an marché, vous emporte une bonne partie du prix, quelquefois même vous empêche de vendre tout-à-fait. Si, au contraire, vous avez de belles routes et surtout un chemin de fer, la facilité du transport au loin vous fera vendre sûrement et avec bien plus d’avantages. Or, chemins vicinaux, routes, chemins de fer, sont entre les mains du gouvernement, qui les fait faire à sa guise, ou des compagnies qui les exploitent, non pas à l’avantage du public, mais à leur profit, et il se passe dans ces choses tontes sortes d’intrigues et de trafics an bénéfice de quelques-uns, et au dommage de tout le monde, qui nous font demander à nous autres républicains que ces affaires-là soient remises, suivant leur importance, à la commune, au canton ou an département, que cela regarde, et non point au gouvernement, qui est trop loin, et que ça ne regarde pas.

Et le maire ? maitre Chazelles, ça ne vous fait-il rien d’avoir un honnête homme qui veuille la justice partout, ou bien un monsieur qui favorise les uns aux dépens des autres et fasse toutes sortes de choses criantes, dont on est pourtant obligé de prendre son parti, car il n’est point commode de lui faire un procès. Quand le maire est nommé par les gens