Page:Leo - Marie - la Lorraine.djvu/66

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dat qui n’a pas vu le feu, dit Justin, voulant taquiner son frère.

— Ça sert à n’avoir ni bras de moins, ni jambes de bois, mon fils, répondit Jacques en appuyant cette parole d’un coup de poing fraternel. Et puis si tu peux me dire à quoi c’est bon la guerre, si ce n’est à manger beaucoup d’argent, et à faire beaucoup de mal ?…

— Oui, oui, dit le père Chazelles, c’est une bêtise, et une vilaine chose, et à présent on n’en veut plus. C’est d’une autre manière qu’il faut engraisser la terre ; nous en serons tous plus riches et plus heureux. Oui, Jacques a eu raison. C’est une bonne chose que de vous voir là, tous bien portants, et j’espère que c’est fini et que nous n’aurons plus de tourment pour les autres ; car, à présent que l’empereur est tout à fait le maitre, il n’y aura plus de guerre, il nous l’a promis… Que diable font-elles de n’apporter pas la collation aujourd’hui ?

— Annette est là-bas, dans le sentier, cria Marie.

— Tous regardèrent avec étonnement.

— Et la mère, elle ne vient pas ? Qu’y a-t-il ?

C’était Annette, en effet, chargée à l’excès d’une gorre de vin, d’une cruche d’eau, de pain, de fromage, de cuillères et d’une grande terrine. Elle arriva bientôt, ruisselante de sueur et toute essoufflée, et posa sans rien dire son fardeau, pendant que les questions lui pleuvaient de toutes parts.

ANDRÉ LÉO

(À suivre.)