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Page:Leo - Marie - la Lorraine.djvu/7

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Feuilleton de la République française
du 10 septembre 1874



(2)

MARIE LA LORRAINE

NOUVELLE

CHAPITRE Ier
LES CHAZELLES
— Suite —

Oui, c’était grâce à lui que la terre était plus riche de ces belles récoltes, et il lui semblait qu’elle était contente de se voir ainsi belle et féconde et qu’elle le remerciait dans son murmure, elle, la bonne nourrice de l’homme qui ne demande qu’à lui donner ses biens. Lui aussi l’aimait d’un grand amour, et il lui venait mille bonnes idées pour l’embellir et la bonifier mieux encore. Tenez, là-bas, sur ce coteau qui ne produit que de l’herbe pour les moutons, une vigne serait si bien et rapporterait de si bonnes vendanges ! Ce chemin, qui écrase les bœufs, soit à la montée soit à la descente, besoin serait d’en abattre la pente, d’en ôter ces rocs maudits qui brisent les roues des charrettes ; on ferait cela petit à petit… l’hiver… et tant d’autres choses !… Mais alors son crève-cœur le prenait en songeant que, dans trois ou quatre ans, il faudrait rendre la ferme au maître. Ce serait donc pour les autres qu’on se serait éreinté !… Laisser tant de choses déjà si bien faites, une maison où il avait été si heureux avec sa bonne femme, où tous ses enfants étaient nés ! et ces prés et ces champs, qui étaient ses enfants aussi !… Ah ! misère, misère !… Non, si