Page:Leo - Soeur Sainte-Rose.djvu/20

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tentive, si occupée de le servir, de le réjouir, de lui plaire, lisant si bien la maternité dans ses yeux, l’enfant devint exigeant et se plût à commander, avec une confiance en son pouvoir qui ravissait la jeune sœur.

Entre ces deux petits êtres si spontanés, si épanouis, sœur Sainte-Rose s’éveillait à une vie nouvelle. Orpheline à douze ans, le couvent qui l’avait reçue pour l’élever l’avait gardée. Sans parents dans la ville, depuis le départ de sa sœur ainée, qui s’était mariée avec un petit employé de Paris, elle avait cru ce qu’elle entendait répéter chaque jour des dangers du monde et de ses fausses joies, des douceurs et des avantages d’une vie toute consacrée au divin amour. Sa jeunesse avait grandi là comme une plante à l’ombre, toute pâlissante, comprimée dans l’étau de la règle, étouffée entre la défiance de soi et la crainte de Dieu, mais souffrant sans le savoir. Elle avait pris le voile sans effort et sans regret.

Maintenant, tout à coup, elle sentait s’agiter en elle et revivre son adolescence arrêtée. Aux mouvements de son cœur, elle s’apercevait qu’un poids étouffant avait jusque-là pesé sur elle ; sa poitrine endolorie se dilatait dans un air nouveau. Heureuse de ces impressions, elle n’en éprouvait, malgré les habitudes timorées de son esprit, aucune défiance. Jésus n’avait-il pas dit : Laissez venir à moi les petits enfants ! Ne prisait-il pas au-dessus de tout leur innocence ! Puis, elle sentait sa piété plus vive que jamais.

Assurément, ces enfants n’étaient pas les premiers qu’eût vus sœur Sainte-Rose, ni même qu’elle eût soignés ; mais ce n’avait jamais été qu’en passant et en circons-