Page:Leo - Soeur Sainte-Rose.djvu/65

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

allait se montrer vivant ! et qui pis est, n’être point le mari de celle qu’on croyait leur mère ! Comment expliquer cela ? comment revenir sur les déclarations faites, assez imprudemment, à leurs connaissances ? Que diraient Mme Brochant, M. Zinet, Mme Laffre ? et tous les autres amis ? Paris n’est un désert d’hommes que pour ceux qui y vivent sans relations de famille ou d’amitié ; encore en ce cas, sont-ils sujets liges des commérages de la loge. Mais du moins, à ceux-là il suffit de changer d’appartement pour changer de monde et au besoin d’état civil. Il n’en était pas ainsi du beau-frère et de la sœur de Céline. M. et et Madame Vallon avaient, grâce à Dieu, leurs connaissances, autrement dit leur petite ville dans Paris, où les commérages, en ces conditions, valent bien ceux de la province. Raconter la vérité simple de l’aventure, avouer que Céline était une religieuse en rupture de vœux, Annette eût préféré bâtir à nouveau mille et une histoires.

Ce n’est pas qu’on ne se piquât, chez l’employé parisien, d’une certaine dose de tolérance. On y suivait à son tour ces courants de l’opinion, qui emportent à un moment donné toute la masse ; mais on se trouvait dans les derniers flots ; et puis, pour les choses générales, c’est bien ; on s’accommode encore volontiers des théories ; mais la bonne Annette, qui savait son monde, sentait fort bien que les deux ou trois esprits forts de la société seraient les premiers à blâmer Céline, et à la juger légèrement.

Aussi le lendemain, quand revint Julien