Page:Leo - Soeur Sainte-Rose.djvu/66

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Emaury, ce fut Annette qui le reçut. Ce qu’elle lui dit, où elle en voulait venir, il ne put d’abord le comprendre, et il est certain qu’Annette elle-même ne le savait pas très bien. En effet, demander à ce père de renoncer à son titre et à ses droits, était ce possible ? Elle ne pouvait se le permettre, et pourtant, quel autre moyen de sauver l’honneur de Céline ? Aussi Mme Vallon s’embrouilla-t-elle en circonlocutions et en réticences qui jetaient la plus grande confusion dans son discours. Elle finit d’une voix émue par supplier Julien de ne point perdre sa sœur.

— Il faudrait que je fusse un grand ingrat ! s’écria le jeune ouvrier. J’ai bien vu que cette demoiselle est fortement attachée à mes enfants, et que ce n’est point, comme on me l’avait insinué à M…, pour couvrir un coup de tête qu’elle les avait emmenés. J’avais craint de les trouver malmenés, misérables, abandonnés peut-être, et je les revois propres, frais, gentils comme de petits princes, et aimant votre sœur comme une vraie mère. Oui, ça m’a touché le cœur plus que je ne pourrais vous dire. Mais enfin voyons, que voulez-vous que je fasse ? À la manière dont vous avez arrangé les choses, je n’y vois pas la moindre place pour moi et cependant il m’en faudrait une, si petite que vous voudrez.

ANDRÉ LEO.

(La suite à demain.)