Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/113

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racles en attendant qu’un nouveau venu en fit de plus beaux à son tour.

— Le médecin ne peut pas guérir ça, dit une vieille à cheveux blancs en secouant la tête.

— Pourquoi, mère Peluche ? demanda Lucie.

La vieille humecta le chanvre dans sa bouche, façonna le fil entre ses doigts, tourna le fuseau, et répondit enfin d’un ton péremptoire :

— Je vous le dis !

— Mais pourquoi ? insista Lucie.

— Heuh !… puisque vous n’y croyez point, vous aut’ messieurs.

— Ah ! dit la jeune fille qui ne put retenir un sourire, vous croyez que c’est un sort ?

— Pardine ! Et qu’est-ce que ça est donc ?

— Une léthargie.

— Bon ! mais d’ousque ça vient ?

— Je ne sais. Un médecin peut seul…

— Les médecins n’y connaissent rien, mam’zelle, c’est le devin qu’il y faut.

— Mais sainte Radégonde ! dit Gène.

— Faut aller au devin ! répéta d’un ton absolu Peluche, qui ne voulut pas exprimer plus clairement la supériorité du devin sur sainte Radégonde.

— Bernuchon n’osera pas, à cause du curé, dit une autre.

— Eh ben ! le curé lui enterrera sa femme, répliqua l’obstinée Peluche.

— Pour quant au devin, dit une commère, n’y en a pas un comme Martin, de Château-Bernier.

— Il touche donc toujours, quand même il est si riche ?

— Pensez-vous ? Et s’il ne touchait pas, qu’est-ce que ferait le monde ?

— Quand même son fils viendrait plus riche encore,