Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/136

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meau que Michel lui avait destiné. Quand elle sortit de l’église, en le tenant à la main, elle rencontra Michel sur la petite place. Michel, en voyant son présent dans les mains de Lucie, la salua d’un regard si plein de joie, qu’en y pensant elle eût volontiers jeté le rameau. — Mais il était bénit !

Huit jours après, c’était le jour de Pâques, la grande fête. Le soleil s’en mêlant, se leva splendide dès le matin. Pour le saluer, Lucie ouvrit sa fenêtre, tandis que par les airs les sons des cloches dansaient en carillon. L’aubépine blanche et rose parfumait les haies ; les pâquerettes et les primevères jonchaient les prairies et les marges des chemins ; la fleur des pommiers s’épanouissait ; Pâques étaient fleuries !

Lucie ce matin-là se trouvait toute joyeuse. La souffrance ne l’avait pas conquise encore ; ses lèvres, que l’enfance et la première jeunesse avaient habituées à sourire, s’ouvraient toujours au moindre rayon, à la moindre espérance. N’y a-t-il pas dans l’air des jours de fête et de dimanche quelque chose qui n’est pas dans l’air des autres jours ? Chez M. Bertin d’ailleurs, comme chez M. Bourdon, c’était double fête. Les vacances étaient ouvertes, et Gustave avait congé, de même que l’étudiant Émile et que Jules le collégien.

Après que Lucie eut aidé sa mère à faire le ménage, qu’elle eut préparé le déjeuner et prodigué ses soins à Clarisse, vers dix heures environ, elle monta dans sa chambre pour faire sa toilette. Elle avait naïvement besoin de se faire belle ; il faisait si beau ! Puis son frère allait arriver… avec ses cousins. On n’avait pas souvent de ces occasions-là à Chavagny. Montant sur une chaise, la jeune fille retira du rayon supérieur de son armoire deux ou trois robes d’été qui avaient frissonné là pendant tout l’hiver, et les dépliant, elle en choisit une à mille