Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/137

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raies, blanche et rose. C’était la plus neuve ; quoique d’indienne seulement, elle était bien jolie, et la jeune fille souriante l’admirait en l’étendant sur le pied du lit.

Elle peigna ses cheveux avec soin, les arrondit en bandeaux bien lisses sur les tempes, et les natta par derrière. Puis elle prit un nœud de ruban rose, et après l’avoir essayé de bien des façons, elle le fixa derrière son chignon, un peu sur le côté. Son miroir, quoique terne, lui rendit un sourire de satisfaction.

Elle mit ensuite une chemisette largement échancrée qui voilait son épaule sans en cacher la forme ni la blancheur ; puis elle passa la robe rose, et ainsi parée, les nuances de son teint s’harmoniant avec celles de sa robe, elle était charmante et jolie comme ces roses églantines à demi ouvertes, au parfum si doux.

Ensuite elle aida Clarisse à s’habiller, car la pauvre malade aussi voulait prendre un air de fête ; mais la robe rose, pareille à celle de Lucie, ne fit que rendre plus effrayante sa pâleur et plus menaçant le vermillon de ses joues. Elle eut froid et dut prendre un châle. Quand elle fut habillée, Lucie lui donna le bras pour descendre l’escalier, l’arrangea dans son fauteuil au salon, et la voyant si triste, voulut causer un peu. Mais Clarisse ne cherchait de ressources que dans ce qui était loin d’elle, et loin à jamais. Elle ouvrit un roman. Lucie donna un coup d’œil à la cuisine, et pressée de jouir du beau soleil de Pâques, elle courut au jardin. Elle pensait aussi que de là elle entendrait plus tôt le bruit de la voiture qui ramenait son frère.

Elle avait oublié Michel, aussi fit-elle une exclamation en l’apercevant ; elle en fit une seconde en voyant le jardin transformé comme par miracle. Il ne restait plus en friche qu’un petit coin de terre qui diminuait à chaque coup de bêche de Michel.