Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/15

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— Mais c’est que… M. l’ingénieur paraît se plaire assez à visiter Chavagny… Eh ! eh ! eh ! dame, je ne sais pas, moi, mais d’après ce qu’on dit…

— Que dit-on ? demanda Fernand Gavel en fronçant le sourcil.

— On dit que M. l’ingénieur rend hommage à l’une des beautés de ce pays, et…

— Que signifie cette sottise ? Que voulez-vous dire ? s’écria le jeune homme en se tournant vers son compagnon, les yeux étincelants de colère.

— Monsieur ! monsieur ! s’écria Berthoud éperdu, ce n’est pas moi !… On m’avait assuré… Je vous fais, monsieur, un million d’excuses.

— Et moi, monsieur, je vous prie de vous expliquer.

— Volontiers, tout de suite. Quant à moi, je n’y suis pour rien, mais le monde, vous savez, n’a pas le sens commun ; on prétend donc que vous épousez Mlle  Bourdon. Certes, c’est un bruit ridicule, et pour ma part…

— Ah ! vraiment ! interrompit M. Gavel, qui, soudainement rasséréné, se prit à sourire. Eh ! mais vous n’y pensez pas, monsieur Berthoud, Mlle  Bourdon est une personne trop distinguée pour que tout homme ne doive pas être flatté quand on lui fait l’honneur d’une pareille alliance.

— Mais, oui ! s’écria Berthoud abasourdi ; c’est précisément ce que je pensais, et je suis heureux, monsieur… oui, très-heureux de…

La voiture s’était remise en marche au petit pas. De distance en distance, près du chemin, on voyait de ces jalons à papier blanc qui désignent le tracé d’une route projetée. L’ingénieur les considérait avec attention.

— Vous avez changé le tracé, demanda-t-il ?

— Oui, certainement, monsieur l’ingénieur, depuis