Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/162

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qui, se retournant plusieurs fois pour voir s’il était regardé, semblait aussi fier de sa domesticité que Mlle de Parmaillan l’était de sa noblesse.

Et non plus que Mlle de Parmaillan, Isidore n’avait tort, car, après le respectueux murmure d’admiration produit par le passage de la jeune divinité, Sylvestre s’écria : — Ce drôle d’Isodore, hein ! comme il a bonne mine ! est-ce gentil une livrée ! Et le farinier du moulin disait d’un air d’envie à l’enfant ébahi de la meunière : — Sapristie ! c’t’Isodore est-il crâne là-dessous !

De retour au logis, le dîner fut assez triste, M. Bourdon n’étant pas là pour fondre la glace brillante et polie dans laquelle sa femme et sa fille emprisonnaient leurs hôtes. Émile était rêveur, Lucie préoccupée ; M. Gavel, plus causeur qu’à l’ordinaire, s’entretenait avec M. Bertin, Gustave, Sylvestre et Mlle Boc, fiers à l’envi de cette faveur inespérée. Tout en comblant l’oncle Grimaud de ses chatteries habituelles, Mme Bourdon regardait son futur gendre de son œil clair et perçant, avec un sourire factice.

Le soir, quand, vers dix heures, les Bertin revenaient chez eux, ils entendirent, en approchant de la maison de Luret, un grand bruit, et virent à la porte plusieurs personnes en bonnet de nuit et en chemise. Des beuglements d’ivrogne, des imprécations de femme et des pleurs de petits enfants se faisaient entendre de l’intérieur, tandis qu’au dehors les spectateurs en chemise y répondaient par des exhortations et de grands hélas ! M. Bertin, ayant reconnu le tailleur et sa femme avec leurs deux fils, leur demanda : — Que diable se passe-t-il là dedans ?

— Eh ! eh ! répondit l’aîné des fils Touron avec un gros rire, c’est à cette fois la Lurette qui bat son homme ; faut qu’il soit plus soûl qu’à la coutume, il se paraît.