Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/164

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— En vérité, dit-elle, cela ne me regarde point ; cependant…

— Pardon, excuse, mam’zelle Lucie, vous étiez avec les autres, mais je ne vous avais pas vue, et je ne peux pas me reconsoler de vous avoir empêchée d’aller en bateau, puisque c’était vot’plaisir.

— Il ne s’agit pas de cela, répliqua-t-elle sévèrement ; il s’agit de vos vivacités qui sont par trop fortes, Michel, et qui indisposent contre vous tout le monde.

— Que fallait-il faire ? demanda-t-il.

Cette question embarrassa la jeune fille. Les choses sont ainsi établies que vis-à-vis d’une agression brutale il est également fâcheux de s’abstenir et de riposter.

Lucie était trop droite pour faire la moraliste quand même, aussi répondit-elle en souriant : — Je n’en sais rien. Il est certain que M. Gorin a eu les premiers et les plus grands torts. Cependant, Michel, vous devinez bien qu’on vous accuse de tout, et que cela vous nuit auprès de beaucoup de personnes ; au lieu que si vous aviez eu plus de modération…

— On vous a dit comme ça bien du mal de moi ?… interrompit-il en regardant Lucie avec une anxiété qu’elle comprit.

— Oui, répondit-elle. J’ai essayé de vous justifier, mais cela ne m’a pas été possible.

— Ah ! mam’zelle Lucie ! ah ! vous avez pris ma défense ! Mon Dieu ! que ferai-je pour vous, moi ? C’est donc bien vrai ce que vous m’avez dit l’autre jour, que vous me trouvez digne d’être votre ami ?

— Puisque je vous l’ai dit, Michel, c’est que je le pensais.

— Et vous le pensez toujours, est-ce pas ? Ah ! que je suis heureux ! mam’zelle Lucie, je n’ai dormi de la nuit à force de songer que vous étiez peut-être fâchée contre moi.