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Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/21

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après il reprit : — Mais cette Lisa devait faire une petite femme de chambre délicieuse, en vérité ? Pas trop gauche, hein ?

— Non, pas trop, il me semble, répondit Gavel. Au reste, j’y ai prêté peu d’attention. Je vous parlais de cette circonstance, monsieur Berthoud, pour vous faire comprendre qu’ayant pris l’habitude de me voir, elle m’appelle M. Fernand, de même qu’elle dit des enfants de M. Bourdon, M. Émile ou Mlle Aurélie.

— Sans doute, monsieur ! mais sans doute ! dit Berthoud. (Il sourit niaisement.) — Oh ! je me serais bien gardé d’y entendre malice, au moins !

— Allons donc ! fit l’ingénieur en haussant les épaules.

Il toucha du bout de sa cravache Gemma qui bondit, et la voiture gravit rapidement le chemin. Quelques minutes après, Berthoud s’écriait :

— Ah ! nous arriverons les derniers. Je crois apercevoir tous ces messieurs là-bas sous les arbres.

La ferme des Èves, qu’on appelait aussi la ferme à M. Bourdon, était située sur un plateau secondaire au-dessous du village. Nos voyageurs apercevaient ses toits en tuiles rouges à travers les grands châtaigniers de sa chaume au fin gazon. — Les chaumes sont de grands espaces ombragés qui se trouvent au-devant des fermes et qui servent de pâturages aux brebis les jours de pluie. — À gauche de cette chaume, le terrain, se creusant en une coupe immense, contient une mare bordée de roseaux, nommée la Grande Ève. À droite, sont des prairies entourées d’ormeaux.

Il y avait en effet sur la chaume un groupe d’hommes qui parlaient avec animation, et qui, se retournant au bruit de la voiture, s’écrièrent : — Les voici ! Voici M. l’ingénieur et M. l’agent-voyer.

L’un de ces hommes alors accourut vers la voiture,