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Le lendemain de ce jour, Lucie traversait la prée, pour aller chercher de l’eau à la fontaine, quand elle rencontra la Mourillon qui montait par le sentier, pâle et haletante, avec son enfant dans les bras.
— Bonjour, Mourillonne, allez-vous chez nous ?
— Fais pardon, mam’zelle Lucie, non, j’y vais point. Avez-vous vu mon homme ?
— Non. Mais qu’avez-vous, mère Mourillon ? À votre air, on dirait qu’il vous est arrivé quelque malheur.
— Ah ! mam’zelle ! eh quoi ! vous ne savez donc rien, vous ? Hélâ ! pourtant les méchantes langues jasent assez depuis hier, et si vous saviez comme le monde me regarde ! — Elle se mit à pleurer. — C’est pourtant pas ma faute, Dieu le sait !
— Pauvre Mourillonne ! qu’est-ce donc ? Pourrais-je vous aider à quelque chose ?
— Ah ! mam’zelle ! à présent, le bon Dieu lui-même n’y pourrait rien. Not’ fille Lisa nous a tué le cœur, et mon homme est comme fou.
— Je vous comprends. Pauvre femme ! Et vous ne savez pas où est votre mari ?