Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/271

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la sainte Vierge, et va vite ! Tu sais, quand ton père a son idée…

— Vraiment ! ils sont fous ! dit tout bas à Michel Mlle Bertin.

— C’est l’affaire d’hier au soir qui leur trotte par la tête, répondit il de même. Heureusement que nous ne sommes plus dans la grange, mam’zelle Lucie.

— Entends-tu pas causer derrière ces feuillées ? dit la Touron à sa fille. Rentrons, Marie ! Tiens, j’ai peur ! ça ne vaut rien d’être dehors à la nuitée si près du cimetière.

— Ah ! ma mère, la v’là ! fit Marie avec un grand cri.

Emportés par la curiosité, Michel et Lucie quittèrent les sureaux pour la partie découverte du mur et virent une masse informe et blanchâtre qui accourait, poursuivie par la fourche du tailleur.

La Touron voulut se réfugier chez elle, mais ses doigts tremblants ne purent ouvrir la porte, et elle tomba presque évanouie sur le banc ; près du seuil. Marie s’enfuit du côté dû village en poussant des cris épouvantables, et la Lurette, attirée par ce vacarme, sortit dans le chemin en laissant sa porte ouverte. La bête blanche, qui arrivait en ce moment, se jeta dans la maison et referma la porte sur elle à grand bruit.

— Mes enfants ! cria la femme éperdue, qui se jeta sur la porte comme pour l’enfoncer, elle va me les manger ! au secours ! au secours ! Jésus ! Marie ! mon Dieu ! la Vierge et les saints ! ouvrez ! ayez pitié de nous !

Le tailleur joignit ses efforts à ceux de la pauvre femme, et essaya vainement par de grands coups d’ébranler la porte verrouillée en dedans. Alors, les enfants réveillés poussèrent des clameurs, et la mère à moitié folle, se tordait les bras, quand tout à coup la porte céda. Mais en même temps que la Lurette et Touron se précipitaient