Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/354

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— Je vous crois ! dit Lucie trop émue pour continuer de railler, je vous crois, Michel, et j’accepte votre amitié comme la consolation et le meilleur bonheur de toute ma vie. Et, le regardant avec des yeux humides, elle lui tendit la main. La lumière de la lune, qui pénétrait par en haut dans le bosquet, éclairait leurs visages. Michel saisit la main de la jeune fille, et au lieu de la serrer seulement, il la couvrit de baisers en se jetant à genoux, et s’écriant hors de lui-même :

— Oui, toute mon amitié ! tout mon cœur ! tout moi ! Je suis à vous, Lucie, tout à vous, et toujours !

Elle s’abandonna un instant au bonheur d’entendre Michel lui parler ainsi. Puis elle frémit. Un instant de plus, je suis engagée à jamais, se dit-elle. Le oui et le non se choquèrent dans son âme comme deux éclairs.

— Non ! non ! puisque j’hésite encore, je ne dois pas… je n’ai pas même le droit de lui dire que je l’aime ! — Et elle se leva.

— Michel ! vous n’êtes pas convenable avec moi !

Il resta muet, immobile, atterré.

— Adieu, ajouta-t-elle en voulant s’éloigner.

Il poussa une exclamation de désespoir, et les mains jointes, il se traîna vers elle.

— Pardonnez-moi ! oh ! pardonnez-moi ! Je suis fou, des fois, mam’zelle Lucie. Je me suis manqué tout à l’heure ; mais, si vous saviez combien j’ai de courage quelquefois ! Pardonnez-moi ! et vous n’aurez plus à me blâmer, je vous le jure !

— Puis-je me fier à vous ? murmura-t-elle.

— Oui ! Vous le pouvez ! dit-il en se relevant avec fierté. Je vous en fais le serment, à vous ! et je le tiendrai ! Ayez confiance en moi, mam’zelle Lucie.

— Eh bien, dit-elle, au revoir !

— Ah ! vous partez !