Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/358

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déjà, mes chères petites, et il en gagnera peut-être deux fois autant. Ses enfants seront de beaux messieurs quelque jour.

— Nous attendrons que ses enfants soient bons à marier, dit en riant Lucie.

— Bien, bien, vous resterez filles. Le désintéressement et l’amour pur ne sont plus de ce temps, voyez-vous. Il n’y faut pas compter, mes enfants, la vertu n’a plus de récompense que dans le ciel.

Une larme vint à l’œil de Mme Bertin.

— Comme cela tu le refuserais, dit-elle en s’adressant à Lucie.

— Oui, maman.

— Toi qui aimes tant la campagne, cependant. Je te croyais moins fière que ta sœur.

— Oh ! je n’ai pas de fierté du tout, répondit-elle en rougissant. Mais je me respecte assez pour ne pas vouloir être la femme de M. Gorin.

D’une voix timide elle ajouta :

— Il serait plus honorable pour moi d’épouser un paysan intelligent et honnête.

— Je ne sais pas où elle va prendre ce qu’elle dit, s’écria Clarisse indignée.

— Ta sœur dit cela comme une maxime de philosophie, observa la mère.

— Ah ! à la bonne heure.

— Eh, grand Dieu ! s’écrie Mme Bertin en regardant par la fenêtre, voici M. Gavel et M. Bourdon maintenant. Et votre père qui est à la pêche, et puis, nous avons une jolie toilette pour les recevoir. Allons, je me sacrifie, mesdemoiselles, allez vite vous arranger un peu.

Clarisse en hâte s’esquive, mais Lucie reste immobile à sa place.

— Eh quoi, tu ne cours pas ?… lui dit sa mère.